Approche de la schizophrénie
Voici quelques éléments essentiels sur la maladie appelée couramment « schizophrénie ».
Sommaire
1.2 Qu'est-ce que la schizophrénie?
1.3 Comment reconnaître la schizophrénie ?
1.4 La dépression peut-elle être associée à la schizophrénie ?
1.5 Comment s‘assurer du diagnostic ?
2.1 Quelles sont les causes de la schizophrénie ?
2.2 Quel est le pronostic à long terme ?
3.2 Quel accompagnement mettre en place ?
6 Le témoignage d'une personne souffrant de schizophrénie
La maladie
Qu’est-ce que la schizophrénie ?
Il s’agit d’une maladie du cerveau, encore relativement mal connue actuellement. Il faudrait d’ailleurs plutôt parler de syndrome schizophrénique, car il est probable que les signes cliniques concernent des processus pathologiques différents.
On sait toutefois qu’il ne s’agit pas de « dédoublement » de la personnalité, ni de personnalité « multiple ». Cette maladie ne touche pas l’intelligence proprement dite de la personne.
Cette maladie affecte la pensée, les sentiments, les émotions tout comme la perception et les comportements et la capacité de raisonnement ou de concentration.
Toutes les fonctions ne sont cependant pas perturbées au même moment.
Comment reconnaître la schizophrénie ?
Différents symptômes sont souvent présents :
Des symptômes « positifs », qui « expriment » la maladie :
- hallucinations
Les patients entendent parfois des voix (hallucinations auditives) ou voient des choses (hallucinations visuelles) que personne d’autre ne perçoit. Ces perceptions peuvent être très perturbantes pour le patient qui peut donc agir d’une façon incompréhensible aux autres personnes.
- idées délirantes
Il s’agit de convictions erronées que le patient considère comme réelles même en présence de preuves démontrant le contraire. Ces convictions erronées sont dues à un trouble du fonctionnement cérébral et peuvent prendre la forme d’idées délirantes mystiques, de sentiment de persécution…Ces idées ne peuvent être modifiées que par le traitement. Le patient est souvent incapable de comprendre qu’il est malade. Son comportement est souvent incompréhensible aux personnes saines.
- troubles de la pensée
La pensée et le discours peuvent devenir désorganisés et difficiles à suivre.
- perturbation de la perception de soi
Il arrive que la personne atteinte perde le sens de son identité personnelle. Cela peut se manifester par exemple par la conviction que d’autres peuvent lire ses pensées, ou qu’ils peuvent introduire directement des pensées dans sa tête.
- troubles du comportement
Cela peut se manifester par des comportements bizarres ou injustifiés, qui peuvent parfois aller jusqu’à l’hostilité ou l’agression.
Des symptômes négatifs, qui sont plutôt des « manques » :
- manque d’énergie et de motivation
La maladie cause souvent une perte de vivacité, d’entrain et d’intérêt général chez le patient, souvent confondue à tort avec de la paresse. Cela se traduit parfois par un incapacité à assumer ses responsabilités à la maison, à l ‘école ou au travail.
- émoussement affectif
Le patient peut perdre sa capacité à ressentir et exprimer des émotions.
- retrait social
Les patients présentent parfois un manque d’intérêt envers leur milieu social et finissent par éviter tout contact social et même familial.
- Pauvreté de la pensée
Il est souvent noté une difficulté à s’exprimer spontanément et certains patients subissent un ralentissement de la pensée.
La dépression peut-elle être associée à la schizophrénie ?
Les sentiments dépressifs sont fréquents.
Les patients peuvent se sentir découragés lorsqu’ils réalisent l’impact de la maladie sur leur vie.
Les idées suicidaires doivent être prises très au sérieux et doivent inciter à rechercher immédiatement de l’aide.
Comment s‘assurer du diagnostic ?
La schizophrénie doit être diagnostiquée rapidement car plus vite le traitement est mis en place, plus il a de chance d’être efficace.
Le médecin recherchera la présence d’un certain nombre des symptômes déjà décrits (positifs et négatifs) pour poser le diagnostic, en interrogeant le patient et sa famille et en observant les comportements du patient.
Cependant, la maladie peut être difficile à diagnostiquer à ses débuts. Le début peut être spectaculaire, ou, au contraire, insidieux et progressif (retrait constant des relations, comportement bizarre, déclin important des performances intellectuelles, …).
En cas de doute, il est donc important de faire appel à un spécialiste.
Les causes
Quelles sont les causes de la schizophrénie ?
Les causes ne sont encore vraiment élucidées à ce jour.
On sait toutefois aujourd’hui de façon certaine que les relations familiales ne sont pas en cause : il faut tordre le cou aux théories culpabilisant les parents !
Le recherche actuelle distingue des facteurs prédisposants et des facteurs déclenchants :
Facteurs prédisposants :
- prédisposition génétique
Il existe une prédisposition génétique dans certaines formes de schizophrénie. L’hérédité cependant n’est qu’un facteur prédisposant parmi d’autres causes possibles. La maladie peut survenir même lorsqu’il n’existe aucun cas connu dans la famille ; par ailleurs, le fait d’avoir plusieurs parents schizophrènes ne signifie pas pour autant q’une personne développera la maladie
- prédispositions biologiques
Il existe des hypothèses concernant des facteurs intra-utérins ou périnataux, comme des infections virales ou des complications lors de l’accouchement, qui pourraient accroître le risque que le fœtus développe un jour une schizophrénie.
- disfonctionnement des neurotransmetteurs au sein du cerveau
Plusieurs régions du cerveau jouent un rôle dans cette maladie. Les symptômes de la schizophrénie pourraient être reliés à la perturbation des circuits neuronaux qui coordonnent le fonctionnement de ces régions du cerveau. Plusieurs neurotransmetteurs sont présents dans ces circuits, comme la dopamine, que l’on associe le plus souvent à la schizophrénie.
De fait, la plupart des médicaments efficaces agissent sur le système dopaminergique.
Facteurs déclenchants :
- stress
Les personnes concernées sont très vulnérables aux éléments de vie stressants, aux critiques excessives, aux tensions et aux pressions de performance (travail, études…). De nombreux évènements de vie (rupture amoureuse, déménagement, échec, décès d’un proche) peuvent ainsi constituer des déclencheurs, ainsi que la prise de drogue ou d’alcool.
La maladie elle-même et ses séquelles vont à leur tour accroître la vulnérabilité de la personne…
Quel est le pronostic à long terme ?
La schizophrénie est une maladie chronique, dont les symptômes s’améliorent généralement avec le traitement, mais dont le risque de rechute reste élevé.
Le pronostic est variable d’un cas à l’autre.
Il est largement amélioré par un traitement anti-psychotique et peut l’être encore davantage si ce traitement est combiné avec un soutien psychologique.
Sans traitement, 60 à 80 % des patients rechutent dans l’année. Le traitement permet de ramener ces chiffres à 15-20 %.
Le traitement
Quel est le traitement ?
Le principal traitement est médicamenteux : il s’agit d’antipsychotiques. Ils s’avèrent en général efficaces pour contrôler les symptômes positifs de la maladie. Donnés de façon continue, il permettent de prévenir les rechutes. La régularité et la durée du traitement sont donc essentielles.
Un accompagnement psychologique et/ou social de la personne et de sa famille sont également très souhaitables et ne sont pas neutres pour l’avenir du malade.
Le médecin choisit la médication en fonction des observations cliniques, puisqu’aucun dosage précis ne permet de mesurer très précisément le besoin du cerveau atteint… Cela peut expliquer des tâtonnements dans le choix du médicament et de sa posologie. Néanmoins, la plupart du temps, le traitement permet de combattre efficacement les symptômes en limitant les effets secondaires : pour atteindre cet objectif, cela demande donc parfois du temps et de la patience.
Il ne faut pas donner prise aux préjugés qui existent sur les antipsychotiques : ils constituent la base d’une amélioration ou au moins d’une stabilisation durable. Bien qu’il n’existe aucun traitement curatif pour la schizophrénie, il est possible de la traiter aussi efficacement que de nombreuses autres maladies chroniques, comme le diabète par exemple.
La durée du traitement varie de un an (épisode unique) à des durées longues et indéterminées, bien au delà de la disparition des symptômes positifs.. La durée dépend de l’analyse risques-avantages pour les patients. L’important, c’est d’aller mieux, même si pour cela il faut accepter quelques contraintes.
Quel accompagnement mettre en place ?
Des aides complémentaires aux médicaments sont à rechercher (parfois avec insistance et énergie !).
Tous les patients ont besoin d’un soutien psychothérapeutique qui peut avoir plusieurs objectifs :
-les aider à accepter la maladie -les aider à mieux affronter les effets de celle-ci sur leur vie affective, sociale, professionnelle -les motiver à poursuivre les différents traitements
En plus de ce soutien, diverses interventions psychosociales peuvent être utiles, si l’on parvient à trouver les professionnels compétents :
-thérapie familiale -réadaptation psychosociale -entraînement aux « habiletés sociales » -groupes d’information à destination des proches
Les rechutes
Comment prévenir ou déceler les rechutes ?
Principales causes de rechutes :
- arrêt de la médication antipsychotique - prise de drogue –même douce- ou d’alcool - stress particulier
Les rechutes sont souvent précédées de signes avant-coureurs (nervosité, insomnie, agitation, perte d’appétit, repli social, perte d’intérêt pour les choses, comportements bizarres…).
Chaque patient a ses propres signes d’alarme qui réapparaissent avant chaque rechute.
Il est intéressant d’envisager, pendant les périodes de rémission, les mesures concrètes à prendre lorsque ces signes commencent à se manifester et élaborer ensemble un plan d’action.
Malgré ce travail préalable, il n’est pas aisé de reconnaître une rechute imminente . N’hésitez pas à consulter votre médecin.
Comment vivre au quotidien ?
Quelques conseils aux familles…
Le rôle de la famille est d’autant plus primordial que la prise en charge des malades schizophrènes est mal organisée dans notre pays : conditions d’hospitalisation parfois limites, peu d’alternatives à l’hospitalisation, manques de lieux de vie, d’accompagnements adaptés en milieu ouvert, de communication du corps médical avec les proches… et de manière générale, image fausse d’une vraie maladie.
Ceux-ci ont pourtant à faire un sacré chemin pour soutenir la personne qu’ils aiment :
- accepter la perte d’énergie du patient, qui n’a rien à voir avec la paresse - lui éviter trop de stimulation et de stress - communiquer clairement, simplement, et avoir un comportement prévisible. - si un patient présente des idées délirantes ou des hallucinations, il n’est pas conseillé de le raisonner, mais utile de veiller à ce qu’il reçoivent rapidement des soins. - ne pas se fixer d’objectifs irréalistes… générateurs de pressions trop fortes ou de déceptions. Il est préférable de tenter d’atteindre l’objectif par petite étape. - et si vous n’arrivez pas à bien discuter avec le médecin qui suit le malade, changez-en ! - Il est également conseillé aux familles de participer à un programme psycho-éducatif. Ce type de programme est destiné à informer les familles sur ce qu'est la schizophrénie, à connaître les façons de faire pour mieux communiquer avec les personnes malades et mieux faire face. Nous recommandons le programme PROFAMILLE élaboré à l'origine par le Dr. Cormier au Québec et utilisé aujourd'hui par de nombreuses équipes. Pour en savoir plus cliquez ici.
Pour faire tout çà, il faudrait être des parents parfaits, ce que personne n’est !!!
Il ne faut pas trop présumer de ses capacités et penser aussi à son propre bien-être… Ne pas hésiter à expliquer, demander de l’aide, et surtout ne pas rester seul avec sa peine et ses soucis.
C’est pour contribuer à briser cette solitude et faire avancer la prise en compte de cette maladie méconnue que SCHIZO-ESPOIR Alsace a été créée par des parents.
Contact
Pour tous renseignements: Association schizo-espoir 19 rue de Riedwihr 68000 COLMAR Tel : 03 89 57 64 28 email : schizoespoir@gmail.com